2 Sémantique
Nous voulons que FÙF' soit vraie exactement quand F
et F' sont toutes les deux vraies. Ce disant, nous avons tenté
de préciser la signification des formules, et c'est le
rôle de la sémantique. C'est ici essentiellement que la logique
classique diffère des autres.
En logique propositionnelle classique, chaque formule est censée
être soit vraie soit fausse. Formellement, l'ensemble des valeurs de vérité est l'ensemble B={T,F} des
booléens, où T¹F. La signification des connecteurs
est définie à l'aide de fonctions des booléens vers les
booléens. Ces fonctions sont représentées par des tables
de vérité. Les voici pour les connecteurs fondamentaux :
Par exemple, si F est supposé vraie (T), et F' est
supposé fausse (F), alors FÞF' doit être faux.
(Le premier argument est en colonne, le second en ligne dans les
tables de vérité.) Ceci définit des fonctions binaires
et , ou et imp de
B×B vers B, et une fonction unaire
non de B vers B.
La signification d'une formule F dépend des valeurs de
vérité supposées des variables, et nous définissons
formellement :
Définition 7 Une affectation or interprétation r est une
application de l'ensemble X des variables propositionnelles
vers B.
La sémantique [F]r d'une formule F dans
l'affectation r est définie par récurrence structurelle sur
F par :
- [A]r = r(A) si A est une variable
propositionnelle.
- [FÙF']r =
[F]r et [F']r,
- [FÚF']r =
[F]r ou [F']r,
- [FÞF']r =
[F]r imp [F']r,
- [¬F]r = non [F]r.
Nous dirons qu'une formule F est vraie dans l'affectation
r si et seulement si [F]r=T, and est fausse
dans r si et seulement si [F]r=F.
Définition 8 Soit F une formule propositionnelle, et r une affectation.
Nous disons que r est un modèle de F, ou que
r satisfait F, et nous écrivons
r|=F, si et seulement si [F]r=T.
Nous disons qu'un ensemble G de formules entraîne
F, et nous écrivons G|=F, si et seulement si
toutes les affectations satisfaisant toutes les formules de G
en même temps (les modèles de G) sont aussi des
modèles de F, c'est-à-dire quand r|=Y pour
tout YÎ G implique r|=F.
F est valide si et seulement si F est vraie dans
toute affectation ([F]r=T pour tout r,
noté |=F), et est invalide sinon. Une formule
propositionnelle valide est aussi appelée une tautologie.
F est satisfiable si et seulement si elle est vraie
dans au moins une affectation ([F]r=T pour
un certain r, i.e., elle a un modèle), et est insatisfiable sinon.
Toutes les formules valides sont satisfiables, et toutes les formules
insatisfiables sont invalides. Ceci divise l'espace des formules en
trois catégories : les valides (toujours vraies), les insatisfiables
(toujours fausses), et les formules à la fois invalides et
satisfiables (parfois vraies, parfois fausses). Ceci est illustré
comme suit :
Valide |
| |
Invalide et satisfiable |
| |
Insatisfiable
|
Ensuite, la validité et l'insatisfiabilité se correspondent via
négation : F est valide si et seulement si ¬F est
insatisfiable, F est insatisfiable si et seulement si ¬F
est valide. Donc la négation non envoie le diagramme
ci-dessus au même, mais retourné. Observer que le point
``invalide et satisfiable'' reste à la même place.
En un sens, les affectations (au niveau sémantique) jouent le même
rôle que les substitutions (au niveau syntaxique) :
Théorème 9
Pour toute substitution s et toute affectation r, soit
sr l'affectation qui envoie toute variable A vers
[s(A)]r.
Pour toute formule F, pour toute substitution s et toute
affectation r, [Fs]r =
[F](sr).
Preuve : Par récurrence structurelle sur F : laissé en exercice.
¤
Corollaire 10
Soit F une formule propositionnelle. Si F est valide
(resp. insatisfiable), alors Fs est valide (resp.
insatisfiable) pour toute substitution s.