1 Syntaxe
La syntaxe de la logique propositionnelle est fondée sur des variables de proposition ou atomes que nous notons avec
des lettres majuscules prises au début de l'alphabet, A, B, C,
etc., possiblement avec des indices ou des primes. Ces lettres sont
censées représenter des propriétés de base, qui sont soit
vraies soit fausses. Ces variables sont combinées au moyens de connecteurs logiques pour former des formules ou propositions, que nous notons par des lettres grecques majuscules
comme F, Y.
Définition 1
Soit X un ensemble infini dit de variables de
proposition. L'ensemble F des formules
propositionnelles est le plus petit contenant toutes les
variables, et tel que si F et F' sont des formules, alors
FÙF', FÚF', FÞF' et ¬F
sont des formules.
Ceci fait des formules des objets en forme d'arbre, où chaque
noeud est appelé une sous-formule. Une sous-formule de F
est dite stricte si elle n'est pas F elle-même. En
forme textuelle, nous utilisons des parenthèses et des priorités
pour éliminer les ambiguïtés: ¬ est plus prioritaire que
Ù, qui l'est plus que Ú, qui l'est plus que Þ. Donc
FÙF'ÚF'' est (FÙF')ÚF'',
¬FÚF' représente (¬F)ÚF', et
FÙF'ÞF''ÚF'''
(FÙF')Þ(F'ÚF'''), en particulier. De plus,
Ù et Ú sont associatifs à gauche,
i.e. FÙF'ÙF'' représente
(FÙF')ÙF'' et FÚF'ÚF''
(FÚF')ÚF''. Et Þ est associatif à droite,
i.e. FÞF'ÞF'' représente
FÞ(F'ÞF'').
Nous définissons aussi des abréviations pour d'autres
opérations. Par exemple, l'équivalence logique Û
est définie par: FÛF' égale
(FÞF')Ù(F'ÞF).
Nous aurions pu aussi définir moins de connecteurs et faire de ceux
qui restent des abréviations. Par exemple, nous aurions pu
définir uniquement ¬ et Ú, et poser FÙF'
égal à ¬((¬F)Ú(¬F')), et FÞF'
égal à ¬FÚF'. Ceci n'aurait rien changé pour ce
qui est de la logique classique, que nous développons ici. Mais
cela aurait changé beaucoup de choses en logique intuitionniste, par
exemple.
Définition 2 L'ensemble des variables libres fv(F) d'une formule
F est défini par récurrence structurelle par :
- fv(A)={A} pour toute variable propositionnelle A,
- fv(FÙF')= fv(FÚF')= fv(FÞF')=
fv(F) È fv(F'),
- fv(¬F)=fv(F).
En somme, une variable est libre dans F si et seulement si elle
apparaît à une feuille de F.
Une autre notion utile est :
Définition 3 Une substitution s est une application des variables
propositionnelles vers les formules, telle que s(A)=A pour
tout A sauf un nombre fini.
Le domaine de s, dom s, est l'ensemble (fini)
de variables A telles que s(A)¹ A. Nous notons
[F1/A1, ..., Fn/An] la substitution de
domaine {A1, ..., An} qui envoie chaque variable
Ai vers Fi, 1£ i£ n, où les Ai
sont supposées distinctes deux à deux. En particulier, [] est
la substitution vide.
Toute substitution s s'étend de façon unique à toutes
les formules par :
- A a pour image s(A),
- si F et Y ont pour images respectives F' et
Y', alors FÙY a pour image F'ÙY',
FÚY a pour image F'ÚY', ¬F a pour
image ¬F', et FÞY a pour image
F'ÞY'.
Nous notons Fs l'image de F par s définie
ci-dessus, et nous l'appelons l'application de s à
F.
En somme, on peut voir s comme un ensemble fini d'opérations
de remplacement Fi/Ai, remplaçant Ai par
Fi. Fs est la formule F où toutes les
variables Ai sont remplacées par Fi. Ce
remplacement doit être effectué en parallèle: par exemple,
le fait d'appliquer [B/A,C/B] à A donne B, pas C, comme ce
serait le cas si nous avions appliqué B/A puis C/B.
Théorème 4
Soit s = [F1/A1, ..., Fn/An] et
s' = [F'1/A'1, ..., F'n'/A'n'].
Il existe une substitution s'' unique telle que Fs''
= (Fs)s' pour toute formule F.
Preuve : Par définition, si s'' existe, elle doit envoyer chaque
variable A vers (As)s', c'est-à-dire vers
s(A)s'. Donc s'' est unique. Maintenant, soit
s'' la substitution que nous venons de définir, alors
Fs'' égale (Fs)s' par une récurrence
structurelle facile sur F.
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On écrit ce s'' ss', ou s'°s. Le
théorème nous permet de définir :
Définition 5 La composition de substitutions est l'opération °
définie par F(s'°s) = (Fs)s' pour
tout F. Nous écrivons aussi ss' au lieu de
s'°s, de sorte que
F(ss')=(Fs)s'.
La composition de substitutions n'est pas la composition de
fonctions ! En effet, l'image de la variable A est
s(A)s', pas s'(s(A)). En fait, ce dernier n'a
aucun sens si s(A) n'est pas une variable.
Théorème 6 La composition de substitutions est associative, et admet la
substitution vide comme élément neutre.
Preuve : Exercice.
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