Projet de programmation 1: compilateur de C-- avec exceptionsJean Goubault-Larrecq |
LSV/UMR 8643, CNRS, ENS Cachan & INRIA Futurs projet SECSI |
61 avenue du président-Wilson, F-94235 Cachan Cedex |
goubault@lsv.ens-cachan.fr |
Phone: +33-1 47 40 75 68 Fax: +33-1 47 40 75 21 |
Le cours de programmation s’étend tout au long de la 1ère année à Cachan. Vous aurez à y faire plusieurs projets. Le tout premier d’entre eux commence le lundi 16 octobre 2006, et est à rendre le vendredi 24 novembre 2006.
Il s’agit d’écrire un compilateur pour un langage ressemblant à C,
mais suffisamment réaliste. Il s’agit essentiellement d’un
sous-ensemble strict du langage C, mais avec un mécanisme d’exceptions
(throw
,
try
…catch
…finally
)
ressemblant à celui de Java. Nous appellerons ce langage C--. Le
langage cible sera l’assembleur x86. Votre compilateur sera écrit en
OCaml.
Voici un exemple de programme que votre compilateur devrait compiler:
Ce programme, qui a été un de nos exemples lors des premiers cours code la commande Unix cat.
Au passage, j’ai évidemment fait le projet avant vous. Voici ce que mon compilateur produit:
.globl __exception_handler .bss .align 4 .type __exception_handler, @object .size __exception_handler, 4 __exception_handler: .zero 4 .text .globl main .type main,@function main: pushl %ebp movl %esp, %ebp subl $8, %esp movl $1, %eax movl %eax, -8(%ebp) jmp .main_1 .main_2: subl $4, %esp movl $.main_3, %eax pushl %eax movl -8(%ebp), %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax popl %ebx movl (%eax, %ebx, 4), %eax pushl %eax call fopen addl $8, %esp movl %eax, -12(%ebp) jmp .main_4 .main_5: movl stdout, %eax pushl %eax movl -4(%ebp), %eax pushl %eax call fputc addl $8, %esp .main_4: movl $1, %eax negl %eax pushl %eax movl -12(%ebp), %eax pushl %eax call fgetc addl $4, %esp movl %eax, -4(%ebp) popl %ebx cmpl %ebx, %eax je .main_8 movl $0, %eax jmp .main_9 .main_8: movl $1, %eax .main_9: cmpl $0, %eax je .main_6 movl $0, %eax jmp .main_7 .main_6: movl $1, %eax .main_7: cmpl $0, %eax jnz .main_5 movl -12(%ebp), %eax pushl %eax call fclose addl $4, %esp addl $4, %esp movl -8(%ebp), %eax addl $1, -8(%ebp) .main_1: movl 8(%ebp), %eax pushl %eax movl -8(%ebp), %eax popl %ebx cmpl %ebx, %eax jl .main_10 movl $0, %eax jmp .main_11 .main_10: movl $1, %eax .main_11: cmpl $0, %eax jnz .main_2 movl stdout, %eax pushl %eax call fflush addl $4, %esp movl $0, %eax pushl %eax call exit addl $4, %esp addl $8, %esp movl %ebp, %esp popl %ebp ret .main_3: .string "r" .align 4 |
Vous avez déjà eu une bonne dose d’assembleur, et vous devriez donc être capables, avec un peu d’effort, de comprendre globalement ce que ça fait (surtout sachant que ceci vient du source C montré plus haut).
D’abord, je vous recommande de travailler sous Linux. N’importe quelle version devrait faire l’affaire. Toutes les versions de Caml ou OCaml ≥ 2.04 devraient aussi faire l’affaire. Si vous voulez travailler sur un autre système d’exploitation (Windows par exemple), c’est votre choix. Sachez cependant que, même avec Cygwin sous Windows, vous vous exposez à des complications. Allez-y si vous avez une âme de hacker.
Ensuite, vous devez récupérer
l’archive
du projet. Décompressez-là avec gunzip
et désarchivez le
tout avec tar
. Vous pouvez faire le tout en une seule étape en
tapant tar -xvzf projet.tgz
.
Vous devriez obtenir un répertoire MiniC
et
les fichiers suivants:
drwxr-xr-x goubault/lsv 0 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/ -rw-r--r-- goubault/lsv 63297 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/ctab.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 13163 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/clex.mll -rw-r--r-- goubault/lsv 2752 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/error.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 2078 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Makefile drwxr-xr-x goubault/lsv 0 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/ -rwxr-xr-x goubault/lsv 7593 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc1 -rw-r--r-- goubault/lsv 839 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc2.c -rw-r--r-- goubault/lsv 173 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/ordre.c -rw-r--r-- goubault/lsv 1454 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/cat.s -rw-r--r-- goubault/lsv 9391 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc1.s -rw-r--r-- goubault/lsv 459 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/cat.c -rw-r--r-- goubault/lsv 2554 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/fact.s -rwxr-xr-x goubault/lsv 8077 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc3 -rw-r--r-- goubault/lsv 10504 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc2.s -rw-r--r-- goubault/lsv 2064 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/sieve.c -rwxr-xr-x goubault/lsv 7935 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc2 -rw-r--r-- goubault/lsv 7388 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/sieve.s -rw-r--r-- goubault/lsv 917 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc3.c -rw-r--r-- goubault/lsv 739 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/fact.c -rw-r--r-- goubault/lsv 727 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/ordre.s -rw-r--r-- goubault/lsv 725 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc1.c -rw-r--r-- goubault/lsv 11072 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/Exemples/exc3.s -rw-r--r-- goubault/lsv 246214 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/clex.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 1041 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/genlab.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 1254 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/ctab.mli -rw-r--r-- goubault/lsv 14023 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/ctab.mly -rw-r--r-- goubault/lsv 1859 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/top.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 2198 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/main.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 936 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/verbose.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 9464 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/cparse.ml -rw-r--r-- goubault/lsv 643 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/depend -rw-r--r-- goubault/lsv 981 2006-10-16 19:20:49 ProjetMiniC2/compile.mli |
Votre travail consiste à écrire le fichier manquant
compile.ml
. Vous pouvez y écrire ce que
vous voulez, l’important est de définir la fonction dont le type est
spécifié dans le fichier d’interface
compile.mli
:
val compile : out_channel -> Cparse.var_declaration list -> unit;;
Cette fonction prend un canal de sortie en premier argument,
appelons-le out
, et un programme C--,
appelons-le π, et imprime sur out
un texte
en assembleur x86 qui code le programme π. Ce texte en assembleur
ressemblera donc au texte de l’introduction (voir le fichier
cat.s).
Lorsque vous aurez écrit le fichier
compile.mli
, compilez le tout en invoquant
make
. Comme Emmanuel et moi vous l’avons
expliqué, ceci va appliquer un certain nombre de commandes dans un
ordre défini par les dépendances exprimées dans le fichier
Makefile
.
Le résultat sera un programme, qui s’appellera
mcc
et sera dans le répertoire
ProjetMiniC2
. Vous pourrez tester ce
programme en tapant ./mcc
suivi du nom d’un fichier C-- à compiler.
Par exemple, si vous tapez (en partant du répertoire
ProjetMiniC2
):
cd Exemples ../mcc cat.c |
Ceci devrait produire un fichier assembleur
cat.s
, que vous pourrez consulter, et un
fichier exécutable cat
, que vous pourrez
tester en tapant (sous le répertoire
ProjetMiniC2/Exemples
):
./cat cat.s |
Il est évidemment plus que probable que le code assembleur que vous
produisiez, au moins au début, ne soit pas de la meilleure qualité.
Notamment, mcc
appelle le compilateur
gcc
pour compiler le code assembleur que
vous aurez produit vers un vrai exécutable. Si votre code assembleur
n’est pas syntaxiquement correct, ceci échouera. Il se peut aussi que
vous obteniez un exécutable, mais qu’il plante (message
Segmentation fault
, typiquement).
Dans tous les cas, vous pouvez:
mcc
à ne produire que le code
assembleur, sans le compiler. Appelez-le avec l’option
-S
:
../mcc -S cat.c |
compile
produit. Vous pouvez envoyer ce
code dans un fichier, disons cat.s
encore
une fois, par:
../mcc -S cat.c >cat.s |
ddd
. Si vous ne
l’avez pas, rabattez-vous sur xxgdb
, ou
dans le pire des cas sur gdb
. Utilisez
les commandes
ddd
pour voir le contenu des registres
de la machine. Sous gdb
, tapez
info registers
pour le même effet (en moins beau).
%esp
vaut 0xbffff8e0
,
tapez 0xbffff8d0
dans le champ “from” pour voir un peu de
part et d’autre de 0xbffff8e0
. Sous
gdb
, vous obtiendrez le même effet (en
moins beau) avec l’incantation:
Vous pouvez allez regarder les fichiers que vous voulez. Le seul
fichier que vous n’aurez pas est celui que vous avez à écrire,
compile.ml
.
Vous n’avez le droit de modifier aucun des fichiers de
l’archive
du projet. En fait, vous devrez vous limiter à écrire vos
fonctions dans le fichier compile.ml
. L’idée,
c’est que si je prends votre fichier compile.ml
et je l’ajoute à l’archive, que je tape
make
, j’obtiens un compilateur fonctionnel
pour C--.
Une autre façon de le dire: vous pouvez aller bidouiller les autres
fichiers du projet si ça vous chante, par exemple, pour ajouter des
appels à Printf.printf
, et voir comment ça
marche, mais vous ne devez pas faire des modifications dans ces
fichiers qui soit essentielles à la bonne marche de votre compilateur.
D’abord, quand on exécute mcc
, il va
commencer par exécuter le code qui se trouve dans le fichier
main.ml
.
Celui-ci lit les options de commande (-S
par
exemple), puis appelle l’analyseur syntaxique
Ctab.translation_unit
, auquel on passe
l’analyseur lexical Clex.ctoken
.
Le source de l’analyseur syntaxique, qui servira aussi de
documentation pour la grammaire du langage C--, est dans le fichier
ctab.mly
. La description des
tokens lexicaux est dans clex.mll
.
L’analyseur syntaxique fournit un programme sous forme d’une liste de
Cparse.var_declaration
. Les d’une liste de
var_declaration
sont déclarées au début du
fichier cparse.ml
, comme suit:
type mon_op = M_MINUS | M_NOT | M_POST_INC | M_POST_DEC | M_PRE_INC | M_PRE_DEC (* Les operations unaires: M_MINUS: calcule l'oppose -e de e; M_NOT: calcule la negation logique ~e de e; M_POST_INC: post-incrementation e++; M_POST_DEC: post-decrementation e--; M_PRE_INC: pre-incrementation ++e; M_PRE_DEC: pre-decrementation --e. *) type bin_op = S_MUL | S_DIV | S_MOD | S_ADD | S_SUB | S_INDEX (* Les operations binaires: S_MUL: multiplication entiere; S_DIV: division entiere (quotient); S_MOD: division entiere (reste); S_ADD: addition entiere; S_SUB: soustraction entiere; S_INDEX: acces \`a un element de tableau a[i]. *) type cmp_op = C_LT | C_LE | C_EQ (* Les operations de comparaison: C_LT (less than): <; C_LE (less than or equal to): <=; C_EQ (equal): ==. *) type loc_expr = locator * expr and expr = VAR of string (* une variable --- toujours de type int. *) | CST of int (* une constante entiere. *) | STRING of string (* une constante chaine. *) | SET_VAR of string * loc_expr (* affectation x=e. *) | SET_ARRAY of string * loc_expr * loc_expr (* affectation x[e]=e'. *) | CALL of string * loc_expr list (* appel de fonction f(e1,...,en) *) (* operations arithmetiques: *) | OP1 of mon_op * loc_expr (* OP1(mop, e) denote -e, ~e, e++, e--, ++e, ou --e. *) | OP2 of bin_op * loc_expr * loc_expr (* OP2(bop,e,e') denote e*e', e/e', e%e', e+e', e-e', ou e[e']. *) | CMP of cmp_op * loc_expr * loc_expr (* CMP(cop,e,e') vaut e<e', e<=e', ou e==e' *) | EIF of loc_expr * loc_expr * loc_expr (* EIF(e1,e2,e3) est e1?e2:e3 *) | ESEQ of loc_expr list (* e1, ..., en [sequence, analogue a e1;e2 au niveau code]; si n=0, represente skip. *) type var_declaration = CDECL of locator * string (* declaration de variable de type int. *) | CFUN of locator * string * var_declaration list * loc_code (* fonction avec ses arguments, et son code. *) and loc_code = locator * code and code = CBLOCK of var_declaration list * loc_code list (* { declarations; code; } *) | CEXPR of loc_expr (* une expression e; vue comme instruction. *) | CIF of loc_expr * loc_code * loc_code (* if (e) c1; else c2; *) | CWHILE of loc_expr * loc_code (* while (e) c1; *) | CRETURN of loc_expr option (* return; ou return (e); *) | CTHROW of string * loc_expr (* throw nom_exception (e); *) | CTRY of (* try code [catch (nom_exception var) code]* [finally code]? *) loc_code * (* le code juste apr\`es "try" *) (string * string * loc_code) list * (* la liste des (nom_exception, var, code) pour chaque clause catch, dans l'ordre. *) loc_code option (* la clause finally, si presente. *) |
Le type locator
est juste un pointeur sur des
informations permettant aux fonctions
Error.error
et
Error.warning
d’afficher des message d’erreur
sensés.
Le fichier cparse.ml
contient aussi des
fonctions utiles, comme string_of_loc_expr
,
qui vous permettent d’obtenir une version imprimable d’une expression
C--, ce que vous pouvez utiliser en phase de débogage.
Le fichier genlab.ml
contient une fonction
genlab
qui vous permettra de fabriquer des labels uniques,
ce qui devrait être bien pratique lorsque vous émettrez des
instructions de saut dans votre code assembleur.
Le fichier verbose.ml
déclare une variable
verbose
que vous pourrez tester pour régler
le niveau d’informations de débogage que vous voudrez afficher (elle
vaut 1 si vous appelez mcc
avec l’option
-v1
, 2 si avec l’option
-v2
, et 0 par défaut).
C-- est, si l’on excepte la notion d’exception, un sous-ensemble
extrêmement réduit du langage C. Ont été supprimés de C: tous les
types struct
, union
,
enum
, ainsi que les tableaux, et la plupart
des types scalaires. En fait, il ne reste que les types
int
, char *
, et les
pointeurs sur les types C-- (récursivement).
L’avantage est que tous ces types tiennent sur 32 bits. Vous n’aurez donc pas à vous casser la tête pour savoir combien de place allouer à chaque variable: ce sera toujours 4 octets.
Ensuite, de nombreuses constructions de C ont été supprimées, mais pas suffisamment pour ne pas pouvoir compiler des programmes intéressants.
En principe, C-- est un sous-ensemble de C, ce qui signifie que vous
pourrez tester mcc
en comparant les
programmes qu’il produit avec ceux produits par
gcc
.
Il n’y a que deux exceptions à ce principe. La première est l’ajout à
C--, par rapport à C, des exceptions, c’est-à-dire des constructions
throw
et
try
…catch
…finally
.
La seconde est l’arithmétique sur les pointeurs, qui a une sémantique
différente en C-- et en C. Si vous déclarez
int *p
et écrivez p++
en C, ceci ajoute sizeof(int)
, soit 4, à
l’adresse p
. En C–, ça n’est censé
qu’ajouter un. Je doute que vous ayez à considérer ce genre de
subtilités, mais qui sait.
Définissons, petit à petit, la sémantique de C--, hors exceptions. Les exceptions seront décrites en section 7.
Soit Z32 l’ensemble de tous les entiers signés 32 bits: Z32 = [−231, 231−1]. Soit Addr le sous-ensemble de toutes les adresses.
Nous allons présenter la sémantique de C-- en deux étapes. En section 6.1, nous présenterons une sémantique pour un sous-ensemble extrêmement réduit de C--. L’avantage est que cette sémantique sera très simple. Certaines particularités de C-- nous forceront à décrire une sémantique plus compliquée en section 6.2.
Considérons un langage où les expressions sont juste celles de la forme:
|
et où les instructions sont de la forme:
|
Pour pouvoir donner une sémantique aux appels de fonction (call), il nous faut nous donner la description d’un programme π. Pour nous, un programme π sera une fonction mathématique, de domaine fini, qui à des noms de fonction f associe un triplet (l, c, e), où l est une liste de variables distinctes deux à deux (les paramètres formels de la fonction f), c est une instruction (le corps de la fonction), et e est une expression (dénotant la valeur retournée par la fonction).
Les expressions et les instructions seront évaluées dans un environnement ρ, qui est une fonction de domaine fini associant une valeur dans Z32 à des variables.
Définissons des règles permettant de déduire des jugements de la forme
signifiant “dans l’environnement ρ, l’expression e a pour valeur V”.
On a d’abord une règle pour la variable:
(1) |
Cette règle s’applique dès que x est dans le domaine de ρ. Elle n’a aucune (autre) prémisse.
On a ensuite une règle pour l’addition:
(2) |
(La raison pour laquelle nous écrivons l’addition e1 plus e2 plutôt que e1+e2 par exemple est pour bien distinguer l’opération syntaxique plus de l’opération mathématique d’addition, notée +.)
Nous traiterons de l’appel de fonctions plus loin.
On peut maintenant définir des jugements de la forme
pour chaque instruction c, signifiant “en partant de l’environnement ρ, l’instruction c termine sur un nouvel environnement ρ′, le programme courant étant π”. De nouveau, les jugements dérivables sont définis par des règles de déduction.
La première est pour l’affectation:
(3) |
La notation
désigne la fonction de domaine dom ρ union {x}, qui à x associe V et à tout y in dom ρ ∖ {x} associe ρ (y).
L’instruction skip ne fait strictement rien de remarquable:
(4) |
La séquence évalue ses arguments… en séquence:
(5) |
Elle introduit donc un environnement intermédiaire ρ′ représentant l’environnement après l’exécution de e1 et avant l’exécution de e2.
Jusqu’ici, nous avions une règle de déduction par construction syntaxique. Ceci change pour le test. Nous avons une règle lorsque la condition testée est fausse, et une lorsqu’elle est vraie:
(6) |
Comme en C, 0 est faux, et tout autre nombre est considéré comme vrai.
(7) |
La boucle while (e) c est équivalente à if (e) then c;while (e) c else skip. Ceci donne lieu, ici aussi, à deux règles pour l’évaluation des boucles.
(8) |
(9) |
La seconde règle a la particularité que sa seconde prémisse ne porte pas sur une instruction plus petite que celle en conclusion, contrairement aux règles présentées jusqu’ici. Ceci mène à des comportements non terminants. Disons que c termine dans π, à partir de ρ, si et seulement s’il existe ρ′ tel que soit déductible.
L’appel de fonction fait aussi ce qu’on attend de lui:
(10) |
où est l’environnement qui à x1 associe V1, …, à xn associe Vn.
while e do c;;
on peut en effet écrire
let rec f () =
if e
then begin
c;
f ()
end
else ()
in f ();;
où f
est un nom frais (non utilisé dans e
ou
c
). Peut-on recoder les boucles while par un codage
similaire dans le langage de cette section? Et en C? Et en C--?
Il manque à cette sémantique, notamment, l’allocation mémoire et les pointeurs, les variables globales, la possibilité d’effectuer des effets de bord à l’intérieur des expressions. Ceci sera réparé dans la sémantique de C--, que nous décrivons tout de suite.
De plus, la sémantique de l’appel de fonctions est en réalité un peu bricolée, autrement dit pas très élégante. On verra à la section 7.2 qu’un style de sémantique dit par continuations est plus élégant, tout en étant plus proche du code assembleur que l’on produit classiquement.
Un programme π est pour nous un couple (ρπ, funπ):
CDECL
(loc,x) dans la liste de
var_declaration
fournie à la fonction
compile
. Le compilateur doit donc allouer
une place mémoire pour chaque.)
CFUN
(loc, f, params, code)
dans la liste de var_declaration
fournie à
la fonction compile
.)
On supposera pour simplifier que funπ contient aussi des
entrées pour toutes les fonctions de la libc
, comme
printf
, strcpy
, malloc
, free
, etc. Et
que, de même, ρπ contient aussi des entrées pour toutes les
variables globales de la libc
, comme errno
par exemple.
CFUN
(loc, f, params, code) avec le même
f fourni à la fonction compile
. Comment
traduisez-vous ces dernières
var_declaration
en entrées pour
funπ, pour tenir compte de cette différence
conceptuelle?
On définit une série de jugements de sémantique opérationnelle de la forme
qui dit qu’en partant d’une mémoire , et d’un environnement qui dit à quelles adresses sont stockées les variables, l’expression C-- e peut s’évaluer en la valeur v in Z32, et modifier la mémoire en µ′.
Il y a deux sortes de variables. Les variables locales (ou automatiques dans le jargon du C) sont données dans l’environnement ρ:
(11) |
Les variables globales sont décrites par l’environnement global ρπ.
(12) |
(13) |
L’évaluation des chaînes est un peu plus étrange. Elle retourne une adresse mémoire quelconque où se trouve déjà la représentation de s. Disons que s est stockée à l’adresse a si et seulement si s ne contient pas l’octet 0, il existe une adresse a+k dans la mémoire µ contenant un octet nul, avec k minimal, et la suite de tous les octets aux adresses a, a+1, a+2, …, a+k−1 vaut s.
(14) |
En pratique, le compilateur devra allouer de la place pour la chaîne s à la compilation. Ceci est fait pratiquement automatiquement par l’assembleur. Par exemple,
réserve de la place pour les octets ‘r’ et 0, les place à une adresse
nommée .main_3
. L’instruction mystérieuse
.align 4
sert à assurer que ce qui suit commencera à une
adresse multiple de 4, ce qui facilite la tâche du processeur pour
certaines opérations.
Pour toute mémoire µ, pour toute adresse a in Addr, pour toute valeur v in Z32, notons la mémoire qui à a associe v, et à toute autre adresse a′ ≠ a associe µ (a′).
On a encore deux règles pour SET_VAR
, selon
que la variable est locale ou globale.
(15) |
(16) |
x=1
en C--
mais que x
n’est pas dans dom ρ? … ni
dans dom ρ ni dans dom ρπ? Ceci arrive lorsque
x
n’aura pas été déclarée, typiquement par
int x
. Comment réagit
mcc
dans ce cas? Comment réagit
gcc
dans ce cas?
Passons aux instructions de la forme x[i]=e. On comprend l’addition a+v comme étant effectuée modulo 232.
(17) |
(18) |
Disons qu’une mémoire µ′ étend µ, ce que nous noterons , si et seulement si et µ′|dom µ = µ. On note la fonction qui à chaque xi associe ai, 1≤ i≤ n. Ceci est bien défini lorsque les xi sont distinctes deux à deux.
(19) |
CALL
comme ci-dessus? Que dit la norme
ANSI C à ce sujet?
CDECL
(l1, x1), …,
CDECL
(ln, xn) mais contient un élément
de la forme CFUN
(…)?
Passons aux opérations unaires. La négation effectue son calcul modulo 232.
(20) |
(21) |
(22) |
(23) |
M_POST_INC
à autre chose qu’une variable?
M_PRE_INC
,
M_POST_DEC
,
M_PRE_DEC
.
(24) |
S_DIV
,
S_MOD
, S_ADD
,
S_SUB
.
(25) |
Donnons d’abord une description intuitive de ce que font les
instructions throw
et
try
…catch
…finally
.
D’abord, try
c évalue la commande c, dans
la portée des handlers d’exception décrits par les clauses
catch
et la clause
finally
éventuelle. Si, à l’intérieur de
cette portée, une exception est lancée, par une instruction
throw
exc (val), l’exécution du code se
poursuit dans le handler correspondant: soit le code qui suit une des
clauses catch
(exc x) suivant le bloc c
(avec le même nom d’exception exc; on dit que l’exception est rattrapée par cette clause), en stockant la valeur val de
l’exception dans la variable locale x, soit une des clauses venant
d’un handler d’exception antérieur.
À noter que si C--, comme C, est un langage à liaison
lexicale, c’est-à-dire que la valeur de toute variable est
déterminée par l’endroit, textuel, où on l’utilise, les portées des
handlers d’exception est dynamique. Il est impossible de
savoir vers quel handler d’exception (quelle clause
catch
, quel(s) code(s) de clause
finally
) l’exécution va se brancher lorsqu’une
instruction throw
exc (val) est exécutée.
Ceci est déterminé par la liste active à ce moment-là de l’exécution
du programme. C’est bien entendu voulu.
S’il existe une clause finally
c′, alors le
code c′ sera exécuté chaque fois que l’on sort de la portée du
handler d’exception. C’est le cas lorsque c ne lance aucune
exception (on dit que c termine normalement), lorsque c
lance une exception rattrapée, ou bien lorsque c lance une exception
non rattrapée par le handler courant. Le flot d’exécution du
programme n’est pas modifié (sauf si c′ lance lui-même une
exception!): si l’on passe par le bloc finally
c′ à cause d’une exception non rattrapée, cette exception sera
relancée à la fin de l’exécution de c′; aucune exception n’est
relancée dans les autres cas. Pour mieux comprendre, vous pouvez
exécuter les programmes
exc1,
exc2,
exc3
dans le répertoire d’exemples, avec différents arguments en entrée
(essayez 0, 1, 2, −1 notamment).
Il existe dans la littérature essentiellement deux styles de sémantiques pour décrire l’effet des exceptions.
Le premier consiste à faire comme si une exception lancée était juste une autre forme de résultat. Partant d’un environnement ρ, une commande peut donc s’évaluer soit en un environnement ρ′ après terminaison normale, soit en un paquet d’exception, à savoir un couple formé d’un nom et d’une valeur d’exception, qui a été lancée mais (pas encore) rattrapée. On développe une telle sémantique, dite directe, en section 7.1. Ceci a l’avantage de la simplicité (apparente). C’est le style employé par exemple dans la sémantique de Standard ML, par Harper, Tofte, et Milner.
Le second style consiste à évaluer toute commande c non seulement
relativement à un environnement ρ avant son exécution, mais aussi
relativement au code κ qu’il faudra exécuter une fois l’exécution de
c terminée. Le code κ est la continuation. Un tel style
a été inventée dans les années 1960, précisément pour donner une
sémantique aux exceptions, aux goto
, et autres
joyeusetés du même style, dans le cadre de la sémantique du langage
Algol 60. Cette sémantique, décrite en section 7.2, et
qui part d’une idée a priori plus exotique, a l’avantage d’être plus
souple, au sens où ce style permet de décrire uniformément plusieurs
constructions de flôt de contrôle. De plus, si l’on identifie κ à
l’adresse du code compilé qu’il faudra exécuter une fois c exécuté,
on pourra observer que ce style de sémantique est en fait plus proche
de ce que l’on implémente in fine en assembleur.
Au lieu de traiter de tout le langage C--, par souci de simplicité et de lisibilité, on traitera d’un langage réduit qui ne dispose que des constructions d’exception, de la séquence, et de l’appel de procédure. On laissera en exercice au lecteur le soin d’enrichir la sémantique des autres constructions du langage, en s’inspirant par exemple de la section 6. On ne considérera d’autre part aucun effet de bord, ce qui nous permettra de nous passer de la mémoire, et de revenir à une sémantique à environnement, proche de celle de la section 6.1.
Voici donc la syntaxe des commandes que nous considérons. On suppose donnée une grammaire d’expressions fixée, aucune n’ayant d’effet de bord (x+y OK, x=e non, call f (x) non plus). On peut toujours s’y ramener, par exemple en remplaçant l’expression call f (x) + y par z+y, juste après un appel de fonction z=call f (x), où z est une variable fraîche. Une autre différence est que les retours de fonction return x peuvent être situés au milieu du corps des fonctions. Exc parcourt l’ensemble des noms d’exceptions — en C--, ce sont juste des chaînes de caractères.
|
Ici, un programme π sera une fonction de domaine fini qui à des noms de fonction f associe un couple (l, c), où l est une liste de variables distinctes deux à deux (les paramètres formels de la fonction f), et c est une instruction (le corps de la fonction). On n’aura plus besoin de la troisième composante e, puisque return est maintenant une instruction comme les autres.
Un paquet d’exception est un triplet (ρ, exc, V) formé d’un environnement ρ, d’un nom exc d’exception et d’une valeur V. Un paquet de retour est un triplet (ρ, *, V), où ρ est un environnement, * est un symbole différent de tous les noms d’exception, et V est une valeur. (Ceci sert à représenter l’effet d’une instruction return, qui en un sens est un lancement d’exception.) Un paquet est soit un paquet d’exception soit un paquet de retour. Un état st est soit un environnement ρ, soit un paquet.
L’affectation simple réussit toujours:
où ici comme dans la suite, ρ désigne n’importe quel environnement (mais pas un paquet!). C’est juste la règle (3), inchangée. Contrairement à ce qui se passait en section 6, ce ne sera pas la seule règle qui s’applique sur une affectation (l’autre est (29), plus bas).
Passons directement aux return et aux throw. Ces instructions retournent directement le paquet correspondant.
(26) |
(27) |
Pour la séquence, on aimerait écrire quelque chose de très similaire à (5):
(28) |
La différence est qu’ici, les états intermédiaire st′ et final st″ ne sont pas garantis être des environnements, comme dans (5). Ils pourraient être des paquets, signifiant qu’une exception a été lancée lors de l’exécution de c1 ou de c2. Cependant, la règle ne s’applique que si l’on évalue c1;c2 en partant d’un environnement ρ, pas d’un paquet.
Lorsque l’on cherche à évaluer une commande c en partant d’un paquet, pas d’un environnement, c’est-à-dire que l’on a auparavant lancé une exception, ou déclenché une instruction return, alors c ne sera jamais exécutée. Par exemple, return y; c n’exécutera jamais c. On a besoin pour ceci d’une règle exprimant qu’un paquet passe inchangé à travers toute commande:
(29) |
La notation E ci-dessus dénote soit un nom d’exception Exc, soit *.
On s’attend alors que le corps d’une fonction appelée retourne soit un paquet de retour (ρ, *, V), dénotant un retour normal, soit un paquet d’exception (ρ, Exc, V). Le premier cas est traité par la règle:
(30) |
À noter que l’environnement ρ′ présent dans le paquet de retour (en prémisse) est tout simplement jeté: on n’en voit plus trace dans la conclusion de la règle ci-dessus. C’est parce que ρ′ représente les valeurs des variables locales à la fonction appelée f, qui n’ont plus lieu d’être considérées lors du retour à l’appelant.
Le second cas est traité par la deuxième règle:
(31) |
De même, ici, ρ′ est jeté, et l’on forme un nouveau paquet d’exception avec l’environnement ρ de l’appelant.
Le cœur de la nouvelle sémantique est la définition de throw. On laisse le plaisir au lecteur de comprendre par lui-même ce que signifient ces règles intuitivement.
(32) |
(33) |
(34) |
Ici E′ est soit une exception soit *.
(35) |
On utilise ici un jugement auxiliaire , où [catch (Exci xi) ci]1≤ i≤ n finally c′ n’est, à proprement parler, pas une commande. De plus, on trouve à gauche du symbole un paquet d’exception ρ′, Exc, V et non un environnement.
(36) |
(37) |
(38) |
(39) |
L’idée de la sémantique à continuations est de dériver des jugements de la forme exprimant que c peut s’exécuter de sorte à ce que, lorsque son exécution termine, il ne restera plus qu’à exécuter la suite d’instructions décrites dans la continuation κ, laquelle retourne une réponse A. Cette réponse peut être un environnement final, par exemple. En réalité, une réponse peut être n’importe quel élémént d’un ensemble fixé a priori, qui importe peu.
Formellement, une continuation κ sera juste une fonction qui à chaque état st associe une réponse A: dans le jugement ci-dessus, on trouve la réponse finale A en appliquant κ à l’environnement ρ′ obtenu à la fin de l’exécution de c. (Si c ne lance pas d’exception.) En général, nous ne supposerons pas que la continuation est déterministe, et considérerons κ comme une relation binaire entre états de fin st′ et réponses A. On notera st′ κ A si (st′, A) est dans κ.
L’affectation simple est donc décrite par la règle:
(40) |
Les instructions return et throw ont aussi une description simple:
(41) |
(42) |
Pour la séquence, l’idée est qu’évaluer c1;c2 dans la continuation κ, c’est évaluer juste c1 dans la continuation qui calcule d’abord c2 puis appelle κ. Notons, pour toute commande c, et toute continuation κ, la relation reliant st à A si et seulement si:
On écrit donc:
(43) |
Un petit truc: la prémisse
se lit, intuititivement, “partant de c1, faire c1 puis,
partant de l’environnement ainsi obtenu, faire c2, puis appliquer
κ, obtenant la réponse A”. Une continuation comme
, en pratique, est juste une façon de représenter un saut (jmp
en assembleur) à la fin de l’exécution de c1 vers un morceau de
code qui exécute c2 (puis saute vers le morceau de code dont κ
est une abstraction mathématique).
Là où en section 7.1 nous avions besoin de deux règles pour décrire la sémantique de l’appel de fonctions, nous n’avons plus besoin que d’une règle. On note la relation reliant f (x1, …, xn) à g (x1, …, xn) lorsque x1, …, xn varient dans leur domaine naturel, et P (x1, …, xn) est vrai.
(44) |
L’idée est que, pour exécuter l’appel de fonction, il suffit d’exécuter son corps c. Si l’on finit par exécuter une instruction return, on continuera le calcul en invoquant la continuation κ sur l’environnement ρ [x:=V], poursuivant ainsi le calcul. Si c finit par lancer une exception, c’est κexc qui prendra le relais pour la suite du calcul, laquelle remplace l’environnement ρ′ de la fonction appelée par l’environnement ρ de la fonction appelante.
Les sémantiques à continuations ont été inventées dans les années 1960 pour donner une définition des mécanismes de goto et d’exceptions dans le langage Algol 60. Voyons comment ça se passe. Notons la continuation κ restreinte aux états qui sont des environnements ρ, et κ|Paq la restriction de κ aux paquets, c’est-à-dire la relation reliant tout paquet (E, V) à tout A tel que (E, V) κ A, mais ne reliant aucun environnement ρ à aucune valeur. Finalement, on note la relation κ′ union tous les couples st, A tels que st κ A et st n’est pas dans le domaine de κ′.
(45) |
Si l’on prend comme domaine de réponses l’ensemble des booléens (vrai, faux), et si l’on contraint les continuations κ à être des fonctions partielles (pour tout st, il existe au plus une réponse A telle que st κ A) alors on peut penser aux continuations comme à des tests, ou bien des prédicats. Le jugement se lit “partant de ρ, l’exécution de c peut terminer dans un état vérifiant le prédicat κ”. Les règles de la sémantique à continuations s’interprètent alors comme un calcul connu sous le nom de calcul des “weakest preconditions”, dû à E.W. Dijkstra. Les notations traditionnelles pour ce dernier calcul sont un peu différentes. La “weakest precondition” wp (c) (κ) est par définition le prédicat qui envoie tout état st vers κ (st) si st est un paquet, et si st est un environnement ρ, l’envoie vers vrai si et seulement si est dérivable dans la sémantique à continuations.
Mais ceci n’a aucun sens. En revanche, la règle
(46) |
qui est paramétrée par une continuation κ′, a juste une infinité de prémisses . En utilisant l’exercice 36, justifier pourquoi (46) et (43) sont en fait équivalentes.
En utilisant des règles du style de (46), que vous écrirez, on appellera ensemble des jugements dérivables le plus petit ensemble de jugements stable par les règles de déduction, c’est-à-dire tel que pour toute règle, si toutes ses prémisses sont dans l’ensemble, alors sa conclusion aussi.
Tout de suite!
D’abord, il vaut mieux se mettre à faire le projet de programmation le
plus tôt possible! J’estime que vous pouvez faire un compilateur
C--, sans les exceptions, en deux à trois semaines, à condition de
ne pas tarder à s’y mettre. La gestion des exceptions
(throw
,
try
…catch
…finally
)
est quelque chose d’un peu compliqué, qu’il vaut mieux aborder avec
méthode.
Un peu de débrouille ne fait pas de mal… Si vous ne voyez pas bien
comment compiler quelque chose que vous sauriez écrire en C,
écrivez-le en C, appelez gcc -S
pour
produire le code assembleur correspondant, et déduisez-en quel code
assembleur gcc
fabrique. Par exemple, si
vous ne savez pas comment calculer un quotient de deux entiers, créez
un ficher /tmp/a.c
, contenant:
et tapez gcc -S a.c
dans le répertoire
/tmp
. Vous obtiendrez un fichier
/tmp/a.s
de la forme:
dont vous pourrez déduire que le quotient se calcule par une
combinaison des instructions cltd
et idivl
: voir la
section 9. (C’est l’instruction la plus compliquée à
compiler, hormis les exceptions.)
On peut programmer en Caml en différents styles. Par exemple, une factorielle en style fonctionnel s’écrira:
La même, en style impératif, pourra s’écrire:
On peut encore l’écrire en style objet, soit grâce aux caractéristiques objet d’OCaml, soit en se fabriquant des classes à la main.
Tous les styles sont bons, et l’on peut coder ce que l’on veut dans chaque style. Chacun a ses préférences. Cependant, il est bon de savoir que le compilateur que vous avez à écrire s’écrit probablement le plus naturellement du monde dans un style fonctionnel.
Par exemple, j’ai défini dans ma version du compilateur une fonction
compile_expr
pour compiler les expressions,
de type loc_expr
, et une fonction
compile_code
pour compiler les instructions
et les programmes, de type loc_code
, les deux
fonctions s’appelant récursivement, et la seconde fonction appelant
naturellement la première.
Au passage, le type de ma fonction
compile_expr
est:
out_channel -> string -> (string * int) list -> int -> loc_expr -> unit
L’idée est que l’appel compile_expr out f env stack e
,
compile le code assembleur qui évalue l’expression e
et retourne sa valeur dans %eax
, où:
out
est le descripteur de fichier sur
lequel imprimer les instructions assembleur;
f
est le nom de la fonction C que le
compilateur est en train de compiler (ceci sert à appeler
genlab
pour fabriquer des labels frais);
env
est une liste de couples (nom de
variable, offset), disant pour chaque variable locale à quel offset
par rapport à %ebp
il faut la chercher;
stack
est un entier n décrivant la
profondeur de la pile courante depuis %ebp
(autrement dit, on a
l’invariant %esp
=%ebp
−n).
Il est quand même pratique d’utiliser quelques références
(ref
, !
,
:=
), sans en abuser. Dans mon compilateur,
je n’ai qu’une seule référence, qui est de plus une variable globale:
let strings = ref ([] : (string * string) list);;
et qui sert à associer à chaque constante chaîne (par exemple,
"r"
dans le fichier
cat.c,
mais aussi les noms d’exception comme Trouve
dans le fichier
exc1.c)
le nom d’un label où cette chaîne sera stockée. Regardez bien, par
exemple, où la chaîne "r"
est décrite dans le
fichier assembleur
cat.s.
Si vous ne comprenez pas tout de suite à quoi peut servir la variable
globale strings
ci-dessus, vous le
comprendrez en écrivant le compilateur…
En ce qui concerne les exceptions, leur sémantique, décrite dans un
cadre plus simple que celui de C--, est donnée en
section 7. C’est un peu compliqué à compiler, et la
clause finally
est particulièrement retorse.
(Vous comprendrez pourquoi en la compilant…) Néanmoins, et même s’il
existe de nombreuses façons de le faire, vous pouvez vous inspirer de
ce que mon compilateur fait. Ma version du compilateur
mcc
a le bon goût d’ajouter plein de
commentaires dans l’assembleur produit aux alentours des
throw
et des
try
…catch
…finally
pour expliquer ce que le code qu’il produit est censé faire, et sur
quelles conventions (usage des registres
%ebx
, %ecx
, ce qu’il y a sur la pile,
comment la pile __exception_handler
des handlers d’exception
courants est gérée et ce qu’elle contient, etc.) Par exemple, le
fichier
exc1.s,
qui est un exemple très simple d’utilisation des exceptions, sans
clause finally
, que voici:
se compile dans l’assembleur suivant, abondamment commenté quant à la gestion des exceptions:
.globl __exception_handler .bss .align 4 .type __exception_handler, @object .size __exception_handler, 4 __exception_handler: .zero 4 .text .globl f .type f,@function f: pushl %ebp movl %esp, %ebp movl $0, %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax popl %ebx cmpl %ebx, %eax je .f_3 movl $0, %eax jmp .f_4 .f_3: movl $1, %eax .f_4: cmpl $0, %eax je .f_1 movl 8(%ebp), %eax movl %eax, %ecx movl $.f_5, %ebx // On lance l'exception %ebx, avec valeur %ecx. // Depilons __exception_handler. movl __exception_handler, %eax // On doit d'abord verifier que __exception_handler!=NULL. cmpl $0, %eax jne .f_6 // Si __exception_handler==NULL, on est arrive au bout de la pile d'exceptions, // et l'on choisit d'afficher un message informatif et de s'arreter en urgence, // plutot que de laisser le programme se planter salement tout seul. pushl %ebx pushl $.f_7 pushl stderr call fprintf call fflush jmp abort .f_6: // Sinon, on recupere la suite de la pile d'exceptions dans %esi, // et on la met dans __exception_handler. // Il serait plus elegant d'appeler free() sur %esi, aussi (laisse en exercice). movl (%eax), %esi movl %esi, __exception_handler // On recupere l'adresse ou il faudra continuer l'execution dans %esi, movl 4(%eax), %esi // puis le %ebp sauvegarde, movl 12(%eax), %ebp // puis le %esp sauvegarde (ce qui revient a depiler %esp assez brutalement). movl 8(%eax), %esp // Et hop, on saute vers le code qui va traiter l'exception. jmp *%esi jmp .f_2 .f_1: .f_2: movl $1, %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax popl %ebx cmpl %ebx, %eax je .f_10 movl $0, %eax jmp .f_11 .f_10: movl $1, %eax .f_11: cmpl $0, %eax je .f_8 movl 8(%ebp), %eax movl %eax, %ecx movl $.f_12, %ebx // On lance l'exception %ebx, avec valeur %ecx. // Depilons __exception_handler. movl __exception_handler, %eax // On doit d'abord verifier que __exception_handler!=NULL. cmpl $0, %eax jne .f_13 // Si __exception_handler==NULL, on est arrive au bout de la pile d'exceptions, // et l'on choisit d'afficher un message informatif et de s'arreter en urgence, // plutot que de laisser le programme se planter salement tout seul. pushl %ebx pushl $.f_7 pushl stderr call fprintf call fflush jmp abort .f_13: // Sinon, on recupere la suite de la pile d'exceptions dans %esi, // et on la met dans __exception_handler. // Il serait plus elegant d'appeler free() sur %esi, aussi (laisse en exercice). movl (%eax), %esi movl %esi, __exception_handler // On recupere l'adresse ou il faudra continuer l'execution dans %esi, movl 4(%eax), %esi // puis le %ebp sauvegarde, movl 12(%eax), %ebp // puis le %esp sauvegarde (ce qui revient a depiler %esp assez brutalement). movl 8(%eax), %esp // Et hop, on saute vers le code qui va traiter l'exception. jmp *%esi jmp .f_9 .f_8: .f_9: movl $2, %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax popl %ebx cltd idivl %ebx movl %edx, %eax cmpl $0, %eax je .f_14 movl $1, %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax pushl %eax movl $3, %eax popl %ebx imull %ebx, %eax popl %ebx addl %ebx, %eax pushl %eax movl $1, %eax pushl %eax movl 8(%ebp), %eax popl %ebx addl %ebx, %eax pushl %eax call f addl $8, %esp movl %ebp, %esp popl %ebp ret jmp .f_15 .f_14: movl $2, %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax popl %ebx cltd idivl %ebx pushl %eax movl $1, %eax pushl %eax movl 8(%ebp), %eax popl %ebx addl %ebx, %eax pushl %eax call f addl $8, %esp movl %ebp, %esp popl %ebp ret .f_15: movl %ebp, %esp popl %ebp ret .globl main .type main,@function main: pushl %ebp movl %esp, %ebp subl $4, %esp movl $2, %eax pushl %eax movl 8(%ebp), %eax popl %ebx cmpl %ebx, %eax je .main_20 movl $0, %eax jmp .main_21 .main_20: movl $1, %eax .main_21: cmpl $0, %eax je .main_18 movl $0, %eax jmp .main_19 .main_18: movl $1, %eax .main_19: cmpl $0, %eax je .main_16 movl $.main_22, %eax pushl %eax movl stderr, %eax pushl %eax call fprintf addl $8, %esp movl stderr, %eax pushl %eax call fflush addl $4, %esp movl $10, %eax pushl %eax call exit addl $4, %esp jmp .main_17 .main_16: .main_17: movl $1, %eax pushl %eax movl 12(%ebp), %eax popl %ebx movl (%eax, %ebx, 4), %eax pushl %eax call atoi addl $4, %esp movl %eax, -4(%ebp) // Debut d'une instruction try { ... }. // On va empiler dans la liste __exception_handler suffisamment d'infos // pour pouvoir retrouver nos billes lorsqu'une exception sera lancee par throw. // Pour ceci, on alloue une structure que l'on pourrait ecrire en C: // struct xhandler { struct xhandler *next; char *next_eip, *save_esp, *save_ebp; } // Le champ next sert a retrouver la suite de la liste, // le champ next_eip sera l'adresse du code qui traitera les catch { ... } // et les finally du try { ... } courant, // le champ save_esp est une sauvegarde du pointeur de pile courant, // et save_ebp sauvegarde %ebp. // Cette structure fait 16 octets: on commence par l'allouer. push $16 call malloc addl $4, %esp // %eax->next = __exception_handler; movl __exception_handler, %ebx movl %ebx, (%eax) // exception_handler = %eax; movl %eax, __exception_handler // %eax->next_eip = &.main_23; // c'est la qu'on ira si une exception est lancee! movl $.main_23, %ebx movl %ebx, 4(%eax) // %eax->save_esp = %esp; movl %esp, 8(%eax) // %eax->save_ebp = %ebp; movl %ebp, 12(%eax) // Maintenant que le handler a ete empile, on passe au corps du try { ... }. movl -4(%ebp), %eax pushl %eax movl $0, %eax pushl %eax call f addl $8, %esp movl $.main_27, %eax pushl %eax movl stderr, %eax pushl %eax call fprintf addl $8, %esp // Fin du corps du try { ... }. On doit depiler le handler d'exception, // et traiter le finally { ... } s'il y en a un. Ceci sera fait en .main_24. jmp .main_24 // Ici, on va traiter des catch (...) successifs. // Le nom de l'exception sera dans le registre %ebx, // la valeur de l'exception sera dans %ecx, // et le handler empile par le try { ... } a deja ete depile par le throw responsable du lancement de l'exception. .main_23: // On commence par empiler la valeur %ecx de l'exception. pushl %ecx // Entree de catch(Trouve ...): on compare le nom de l'exception a 'Trouve'. pushl %ebx pushl $.f_12 call strcmp addl $8, %esp // Note: %ebx n'est pas modifie par strcmp(), on dispose donc toujours du nom de l'exception. cmpl $0, %eax jnz .main_28 // Corps du catch (Trouve ...). movl -4(%ebp), %eax pushl %eax movl -8(%ebp), %eax pushl %eax movl $.main_29, %eax pushl %eax movl stderr, %eax pushl %eax call fprintf addl $16, %esp // On depile la valeur de l'exception, et on va traiter le finally { ... } s'il y en a un. addl $4, %esp jmp .main_25 .main_28: // Exception non rattrapee: on la relance. popl %ecx // On lance l'exception %ebx, avec valeur %ecx. // Depilons __exception_handler. movl __exception_handler, %eax // On doit d'abord verifier que __exception_handler!=NULL. cmpl $0, %eax jne .main_30 // Si __exception_handler==NULL, on est arrive au bout de la pile d'exceptions, // et l'on choisit d'afficher un message informatif et de s'arreter en urgence, // plutot que de laisser le programme se planter salement tout seul. pushl %ebx pushl $.f_7 pushl stderr call fprintf call fflush jmp abort .main_30: // Sinon, on recupere la suite de la pile d'exceptions dans %esi, // et on la met dans __exception_handler. // Il serait plus elegant d'appeler free() sur %esi, aussi (laisse en exercice). movl (%eax), %esi movl %esi, __exception_handler // On recupere l'adresse ou il faudra continuer l'execution dans %esi, movl 4(%eax), %esi // puis le %ebp sauvegarde, movl 12(%eax), %ebp // puis le %esp sauvegarde (ce qui revient a depiler %esp assez brutalement). movl 8(%eax), %esp // Et hop, on saute vers le code qui va traiter l'exception. jmp *%esi .main_24: // Aucune exception n'a ete lancee, il faut d'abord // depiler __exception_handler avant de continuer. // Depilons __exception_handler. movl __exception_handler, %eax // On doit d'abord verifier que __exception_handler!=NULL. cmpl $0, %eax jne .main_31 // Si __exception_handler==NULL, on est arrive au bout de la pile d'exceptions, // et l'on choisit d'afficher un message informatif et de s'arreter en urgence, // plutot que de laisser le programme se planter salement tout seul. pushl %ebx pushl $.f_7 pushl stderr call fprintf call fflush jmp abort .main_31: // Sinon, on recupere la suite de la pile d'exceptions dans %esi, // et on la met dans __exception_handler. // Il serait plus elegant d'appeler free() sur %esi, aussi (laisse en exercice). movl (%eax), %esi movl %esi, __exception_handler // Ici, l'exception a ete rattrapee par un catch, et __exception_handler // a ete depile par le throw. On fait le finally et on continue. .main_25: movl stderr, %eax pushl %eax call fflush addl $4, %esp movl $0, %eax movl %ebp, %esp popl %ebp ret addl $4, %esp movl %ebp, %esp popl %ebp ret .main_29: .string "La suite termine apres %d iterations en partant de %d.\n" .align 4 .main_27: .string "Pas trouve...\n" .align 4 .main_22: .string "Usage: ./exc1 <n>\ncalcule a quelle iteration une suite mysterieuse termine, en partant de <n>.\n" .align 4 .f_12: .string "Trouve" .align 4 .f_7: .string "Uncaught exception %s: abort.\n" .align 4 .f_5: .string "Zero" .align 4 |
Dans la distribution mcc
qui vous est
fournie, il ne manque que le fichier
compile.ml
, que vous devrez écrire.
Certains pensent qu’il faut qu’ils lisent les fichiers ML fournis pour
comprendre comment ça marche. En principe, je favorise la curiosité:
si vous pouvez apprendre quelque chose en le faisant, faites-le!
Mais, en l’occurrence, ceci ne vous servira pas à grand-chose. Le
code ML est probablement trop complexe, et utilise probablement des
choses que vous ne connaissez pas (ocamllex
,
ocamlyacc
), pour que vous puissiez en tirer
vraiment profit.
Lire les fichiers ML fournis est donc, en fait, essentiellement une perte de temps dans le cadre du projet.
En revanche, il peut être utile de comprendre quel genre de syntaxe
abstraite est produite par mcc
à partir d’un
fichier source C-- donné. Je rappelle que cette syntaxe abstraite
est de type Cparse.var_declaration list
, le
type du deuxième argument de la fonction
compile
que vous devez écrire.
Une façon de faire est de réserver une variable globale Caml, disons
ast
(pour “abstract syntax tree”), de
stocker l’arbre de syntaxe fourni à compile
dedans, et de demander à afficher le contenu de
ast
après exécution, ce qui se fait bien sous
le toplevel.
Pour utiliser les fonctions du compilateur
mcc
sous le toplevel Caml, lancer
ocaml
, et taper:
#use "top.ml";;
Le fichier top.ml
est en gros le compilateur
mcc
en réduction. Si l’on écrit un fichier
compile.ml
bidon:
puis que l’on tape make
pour recompiler le
tout, enfin que l’on tape #use "top.ml";;
sous le toplevel Caml (ce qui charge tous les fichiers compilés, y
compris compile.ml
), on obtiendra une
fonction teste
de type string -> unit
.
Donnons-lui à traiter le fichier cat.c
, par
exemple. Contrairement au compilateur final
mcc
, le programme que nous venons de charger
sous le toplevel Caml ne sait pas appeler le préprocesseur C tout
seul. Appelons-le donc pour fabriquer le fichier préprocessé
cat1.c
, en tapant la ligne suivante sous le
shell (note: le faire dans une autre fenêtre, par exemple):
cpp -DMCC cat.c >cat1.c
Sous le toplevel Caml avec top.ml
chargé, on
écrit:
teste "cat1.c";;
puis l’on demande la valeur de la variable
ast
, en tapant:
ast;;
ce qui donne en l’occurrence:
En général, le fichier top.ml
permet de
tester son compilateur sous le toplevel Caml. Mais l’insertion de
Printf.printf
judicieux dans le code du
compilateur peut s’avérer être une technique plus efficace de
debugging…
Les registres: %eax %ebx %ecx %edx %esi %edi %ebp %esp
.
Ils contiennent tous un entier de 32 bits (4 octets), qui peut aussi être vu
comme une adresse. Le registre %esp
est spécial, et pointe sur le
sommet de pile; il est modifié par les instructions pushl
,
popl
, call
, ret
notamment.
Il y a aussi d’autres registres que l’on ne peut pas manipuler directement.
(L’instruction info registers
sous gdb
ou ddd
vous les
montrera.) Le plus important est eip
, le compteur de programme:
il contient en permanence l’adresse de la prochaine instruction à
exécuter.
1em
addl
<source>, <dest>.......<dest>=
<dest>+
<source> (addition)addl $1, %eax
ajoute 1 au registre %eax
.addl $4, %esp
dépile un élément de 4 octets de la pile.addl %eax, (%ebx, %edi, 4)
ajoute le contenu de %eax
à
la case mémoire à l’adresse %ebx
+ 4*%edi
. (Imaginez
que %ebx
est l’adresse de début d’un tableau a
, %edi
est un index i
, ceci stocke %eax
dans a[i]
.)
andl
<source>, <dest>.......<dest>=
<dest>&
<source> (et
bit à bit)
call
<dest>.......appel de procédure à l’adresse <dest> pushl $
a, où a est l’adresse juste
après l’instruction call
(l’adresse de retour), suivi de
jmp
<dest>.call printf
appelle la fonction printf
.call *%eax
(appel indirect) appelle la fonction dont l’adresse est dans le
registre %eax
. Noter qu’il y a une irrégularité dans la
syntaxe, on écrit call *%eax
et non call (%eax)
.
cltd
.......conversion 32 bits -> 64 bits %eax
en un nombre sur 64
bits stocké à cheval entre %edx
et %eax
. %eax
n’est pas modifié; %edx
est mis à 0 si
%eax
est positif ou nul, à −1 sinon. idivl
.
cmp
<source>, <dest>.......comparaison je
, jge
, etc.). À noter que la comparaison
est faite dans le sens inverse de celui qu’on attendrait. Par exemple,
cmp
<source>, <dest> suivi d’un jge
(“jump if greater than or
equal to”), va effectuer le saut si <dest>≥<source>: on compare <dest> à
<source>, et non le contraire.
idivl
<dest>.......division entière et reste %edx
et %eax
(cf.
cltd
) par le nombre 32 bits <dest>. Retourne le quotient en
%eax
, le reste en %edx
.
imull
<source>, <dest>.......multiplie <dest> par <source>,
résultat dans <dest>
jmp
<dest>.......saut inconditionnel: eip
=<dest>
je
<dest>.......saut conditionnelcmp
) a conclu que <dest>=<source>, continue avec le flot normal du
programme sinon.
jg
<dest>.......saut conditionnelcmp
) a conclu que <dest>><source>, continue avec le flot normal du
programme sinon.
jge
<dest>.......saut conditionnelcmp
) a conclu que <dest>≥<source>, continue avec le flot normal du
programme sinon.
jl
<dest>.......saut conditionnelcmp
) a conclu que <dest><<source>, continue avec le flot normal du
programme sinon.
jle
<dest>.......saut conditionnelcmp
) a conclu que <dest>≤<source>, continue avec le flot normal du
programme sinon.
leal
<source>, <dest>.......chargement d’adresse effective=&
<source>.
movl
<source>, <dest>.......transfert=
<source>.movl %esp, %ebp
sauvegarde le pointeur de pile %esp
dans
le registre %ebp
.movl %eax, 12(%ebp)
stocke le contenu de %eax
dans les
quatre octets commençant à %ebp
+12.movl (%ebx, %edi, 4), %eax
lit le contenu de
la case mémoire à l’adresse %ebx
+ 4*%edi
, et le met
dans %eax
. (Imaginez
que %ebx
est l’adresse de début d’un tableau a
, %edi
est un index i
, ceci stocke a[i]
dans %eax
.)
negl
<dest>.......<dest>=-
<dest>(opposé)
notl
<dest>.......<dest>=~
<dest>(non bit à bit)
orl
<source>, <dest>.......<dest>=
<dest>|
<source> (ou bit à bit)
popl
<dest>.......dépilementmovl (%esp),
<dest> suivi de
addl $4, %esp
.popl %ebp
récupère une ancienne valeur de %ebp
sauvegardée sur la pile, typiquement, par pushl
.
pushl
<source>.......empilementmovl
<source>, -4(%esp)
suivi de
subl $4, %esp
.pushl %ebp
sauvegarde la valeur de %ebp
, qui sera
rechargée plus tard par popl
.pushl
<source> permet aussi d’empiler les arguments successifs
d’une fonction. (Note: pour appeler une fonction C comme printf
par exemple, il faut empiler les arguments en commençant par celui de droite.)
ret
.......retour de procédurepopl eip
... si cette instruction existait (il n’y
a pas de mode d’adressage permettant de manipuler eip
directement).
subl
<source>, <dest>.......<dest>=
<dest>-
<source>(soustraction)subl $1, %eax
retire 1 du registre %eax
.subl $4, %esp
alloue de la place pour un nouvel élément de
4 octets dans la pile.
xorl
<source>, <dest>.......<dest>=
<dest>^
<source> (ou exclusif bit à bit)
Bon courage, et travaillez bien! N’hésitez pas à nous contacter, goubault@lsv.ens-cachan.fr ou bardin@lsv.ens-cachan.fr
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